HISTOIRE DE BERNARD V – Deuxième époque
Le monde est vieux
c’est pourquoi il nous faut le distraire comme un enfant.
Beaux-dégâts
1980 – 1981
– Tu crèches Immeuble Mouchotte (ensemble immobilier faisant partie de l’opération d’urbanisme concerté comprenant la gare et tour Maine- Montparnasse). Personnage central de À bas ! la Liberté. Découvres le livre que tu aurais aimé écrire : Satan dans les Faubourgs de Bertrand Russell. Et le livre que t’aurais dû écrire (un autre l’a fait à ta place) : La Psychanalyse des contes de fées de Bruno Bettelheim avec sur la couverture le Petit Chaperon rouge au lit avec le loup.
1982
– Tu commences à comprendre (de mieux en mieux) le sens caché de cette sentence définitive… tirée de la correspondance d’Anne-Marie Chassaigne (demi-mondaine fameuse sous son nom de guerre : Liane de Pougy) : Travailler c’est bon pour les gens qui n’ont rien à faire.
Traduction : rien à faire… de mieux ! qu’entreprendre l’exploration systématique de toutes les formes littéraires « existantes » : roman… essai… fables… pastiches… théâtre… dialogues des morts … dictionnaires… encyclopédie… journalisme… poèmes en vers et en prose… modes d’emploi de produits pharmaceutiques ou électroménagers. Etc.
Hors du temps hors du monde → SAPND (traduction : Sans activité professionnelle ni domicile fixe).
1983 – 1989
– Poursuite de l’exploration littéraire (quoi écrire ?). Dans le civil : différentes activités professionnelles alimentaires. Tu observes le passage de la société de consommation pour la plupart à la société d’hyperconsommation pour tous : entrée de la sexualité dans le cycle des produits de consommation (consommer/ jeter / renouveler) / voyages idiots en jet à l’autre bout de la planète où il n’y a rien de plus à voir que chez les voisins d’à côté (activité regroupée sous le nom générique de tourisme) / démolir les montagnes pour y installer des poteaux en ferraille (nom poétique = remontée mécanique) et des canons à neige pour le plaisir de glisser par la force de la pesanteur sur des bouts de bois (nom générique : sports d’hiver). Etc.
Tu adoptes la philosophie cap’ad hock. Traduction : du Capitaine Haddock dans Tintin au Tibet : « Très peu pour moi ! La montagne, comme paysage, ça ne me dérange pas trop… mais ça me dépasse ! A quoi ça sert, je vous le demande… » (cit.). Étendue à toutes les activités humaines la philosophie cap’ad hoc ça donne = les gens → comme déco ça ne me dérange pas. À part ça… à quoi ça sert ? Je vous le demande !
Si vous avez trouvé une autre philosophie pour affronter le monde : … … … … …………………………………………………………………… …………………………………………………………………… …………………………………………………………………… ………………………………………………………………
Soyez bref et précis (traduction : évitez d’encombrer inutilement mon histoire personnelle !)
1984
– Œuvre → La Main de Singe (le hasard n’existe pas / conte pour le temps présent) « actualisation d’écriture » à partir de : The Monkey’s Paw de W.W. Jacobs (1902). Dont il est question dans Cybernétique et Société de Norbert Wiener. Illustré (10 ans plus tard) par Larrivaz en prenant des morceaux de phrases et en les détournant avec des personnages transsexuels !
1990 – 1991
– Tu matérialises / tu dé-matérialises.
Le devenir de l’œuvre et l’appétit de soi (essai d’investigation littéraire linéaire) :
. Mail art : série de 12 cartes postales « Qui refuse de voir aveugle est ». Création littéraire : Moi-moi. Arts plastiques : Dominique Larrivaz. Photographe : Rémi Lecourieux.
. Fiches à placarder : Les mystères de l’incarnation.
. Lettrisme : série de cartes de visite professionnelles pour écrivain (traduction = exercice de la littérature) : Expert en sorcellerie /// En charge de l’essentiel /// Qui vous veut du bien mal ///
– Une Semaine d’événements indigestes / sous-titré Roman Horrifiant des années 90. Œuvre-manifeste = livre particulièrement indigeste et premier livre au monde à pouvoir être utilisé comme réveil (au lieu de le jeter après usage).
Argument : Les femmes ont pris le pouvoir… Un écrivain se retrouve prisonnier d’une horrible mégère d’une jeune femme riche qui possède un château du côté de Saint-Émilion (code postal 33330) où elle élève la vigne. Motifs :
1- Enfermé par la garce l’adorable jeune femme il peut (enfin) achever l’écriture de son œuvre (Une semaine d’événements indigestes : sorte d’autofiction).
2- Évite qu’il aille baiser ailleurs d’être distrait par le monde matériel (entouré de pinard… ça vaut mille orgasmes).
3- Au final il ne trouve que des avantages à sa condition… Moralité → quand on pense à cette bande de tarés – qu’on qualifiait autrefois de « Grands Hommes » – qui voulaient conquérir le monde / envoyer des fusées dans l’espace / ou découvrir la pénicilline… on ne peut que se réjouir du passage de la société patriarcale à la société matriarcale. Nous vivons une époque formidable ! Et vive le pinard !
30 ans plus tard… À bas ! la Liberté développe (entre mille autres choses) le thème de 1990. Vue directe sur l’avant-garde : les habitants de l’immeuble du Commandant Mouchotte ! En attendant l’étape qui préfigure l’Homme du futur : la fin de la sexualité qui nous rattache aux animaux et aux plantes. L’amour physique → cette bouffonnerie à la portée de tous.
Matérialisation d’Ecriture : Gironde par Dominique Larrivaz → à mesure que l’on découvre la gironde à travers les mots (pages de droite) on reconstitue mentalement par petits bouts (abstraits) celle peinte par Larrivaz (pages de gauche) qui au final apparaît en entier sur la couverture et le signet.
Edité sous forme de livre d’artiste. Traduisant la nécessité de « s’extraire » de la surface plane de la feuille de papier pour « rendre » l’écriture à la réalité sensible / déborder le codex qui empêche une vue géographique de l’œuvre en la segmentant artificiellement page par page. Maquette : Laurent Marinot.
→ Record : premier livre au monde ! à avoir été écrit en moins de temps qu’il ne faut pour le lire.
→ Spécificité : Contient une énigme à 22h22 (faussement attribuée à Platon) / s’achève sur un jeu de mots vaseux : « On ne devrait jamais quitter la Gironde. » La gironde en question résidant dans le département de la Gironde !
→ Manifeste : pour la suite (écriture multidimensionnelle / Internet etc.) / longtemps les hommes se sont satisfaits d’une Terre plate. Après il y a eu les planisphères. Pari sur l’avenir : éviter que l’homme unidimensionnel ne produise une écriture unidimensionnelle.
Lancement : atelier Frigo 6 / rue des Frigos (75013 Paris). Dérangement local → Adam : sorte de Monsieur Muscle blond cheveux en brosse / et Eve : cheveux longs de la copine de Larrivaz… allez savoir pourquoi ! Suivi d’une matérialisation d’écriture à Saint-Jean-de-Luz à l’occasion de la fête du livre : cheminement à l’intérieur du livre avec des pages géantes surplombant les visiteurs comme les soldats du jeu de cartes dans Alice au pays des merveilles. Trois exemplaires ont été enfermés dans trois boîtes en bois avec un côté en plexiglas. Portant chacune la mention = « en cas d’urgence : brisez la glace ».
1992
– Beaux-Dégâts ou c’est beau comme un carnage = livre autocontenu (traduction : contenant le lexique alphabétique de tous les mots du livre / ainsi que la liste des Grands Livres de l’Antiquité à nos jours). Et de nombreux calligrammes. Couverture / illustration : Extraction de la pierre de folie de Bernard V par Larrivaz. Maquette bouquin : Laurent Marinot. Lauréat du Prix Laurent Marinot. Lancement : bar Bodega / atelier N°1 esplanade de la Villette (Paris). Reconstitution 3D par Larrivaz de la couverture du livre → Extraction de la pierre de la folie. Dérangement local : carnage du Livre par Larrivaz (tir au pistolet).
Comment s’occuper (intelligemment) après la mort – livre intertextuel pour s’occuper (ça sert aussi à cela la littérature). Comprenant un faire-part.
1993 – 1995
– Tu re-matérialises après avoir dématérialisé :
→ Le Corbeau-beau et le Renard-nard = actualisation de la fable Le Corbeau et le Renard de Jean de La Fontaine d’après Phèdre et Esope etc. Calligraphie et estampe par Paella Chimocos. Lancement Galerie Fred Roulette – Paris.
→ Maison à lire et à visiter (projet en partie réalisé – 19 rue Daru à Paris) = salle de bain sèche avec monstres marins du peintre Larrivaz (pour faire peur quand on prend un bain). Séjour : « envergure » de Larrivaz pour poser deux pieds sur le sol. W.C. avec tableau de Paella Chimicos pour méditer : « Alexandra C., secrétaire au service du colonel D.B. des Renseignements généraux, est confuse. Elle a oublié le code des toilettes secrètes. » Chapelle-chambre- boudoir avec tabernacle de Guébé (Pascal Margat) pour introduire sa tête pour bouder Dieu comme les autruches (résumé de la philosophie occidentale depuis ce grand con génie de Nietzsche / entrée-labyrinthe sans sortie (avec numéro d’appel d’une entreprise de démolition pour casser le mur en cas d’échec) / chaussons (Larrivaz) et pantalon (Olivier Debré) / Samsonnets (Paëlla) à porter dans la maison etc.
→ Distributeur automatique d’histoires (modèle = distributeur de bonbons). → Luna Park (Modèle à monter)- Texte bernard V / illustrations : Dominique Larrivaz / maquette : Laurent Marinot.
LE BUREAU DES PERFECTIONS (modèle pour créateur)
LE VOYAGE DANS LA LUNE (modèle démontable)
LES PORTES DE L’ENFER (fontaine de larmes)
LA VOIE LACTEE (lactothèque)
→ LES DOUZE TRAVAUX D’ENCULE / mentionnant le nom des demi-mondaines célèbres du XIXe siècle pour expo Larrivaz organisée à Epinal par Bod Jeudy.
→ Bienvenue à Bédarrides = conte édifiant pour grandes personnes. Larry s’était photographié (polaroïds) devant les panneaux à d’entrée et de sortie de son bled et m’avait demandé d’en faire « quelque chose ».
1995 – 2012
→ « Rematérialisation » d’écriture (en langage vulgaire on appelle ça « Théâtre »). Intégrant des parties filmées / des images de synthèses / et des ombres chinoises.
Le Caprice des dieux (1995)
sous-titré Chaque être est une île
Le Manuel de sexe utile (1999)
(L’amour le jour où le sexe sera devenu obsolète)
sous-titre L’Amour triomphe de tout ou Mesure de Radon dans espace localement compact (suivant que l’on penche pour la poésie ou le réalisme !
Editions l’Avant-Scène (première version)
Et la nostalgie du Sud viendra (2003)
sous-titré : bienvenue dans la postérité
Don Fernando de Grenade (2004)
sous-titré : Cheval !
Editions l’Avant-Scène (première version)
1999
Lettre de Danielle Dumas – directrice de l’Avant-Scène – datée du 28 septembre relative à la pièce de théâtre Le Caprice des Dieux (titre définitif / possibilité d’offrir du fromage du même nom) : « est extraordinaire, parce que je n’ose dire géniale ! Elle a la folie de Feydeau, et les influences que vous avouez sont moins Goethe que Marlowe dans ce qu’il a d’iconoclaste. On s’amuse beaucoup, mais je doute qu’un directeur de théâtre parisien se lance dans un tel vertige. Ils n’oseront pas, si je considère ce que je publie ! »
Elle n’avait pas tort ! Autant se barrer où « il se passe quelque chose sur les planches » du point de vue artistique : en Chine !
2004
– Création au Shanghai Dramatic Art Center du Le Manuel de Sexe Utile sous le titre L’Amour triomphe de tout (inversion du titre et du sous-titre) Slogan = Le monde le jour où l’amour aura disparu !
2008 / 2010
– Projet Mo-N’Art tentative de matérialisation d’Ecriture à l’échelle d’une ville. À partir du troisième acte du Manuel de Sexe Utile. Musique et sons : composition Jean- Claude Risset (ancien directeur scientifique lors de la création de l’Ircam).
Edition de Mo-N’Art ou Pour que continue l’Aventure humaine contenant Le Monde le jour où l’Amour aura disparu. En collaboration avec Inès Balligand. Secrétariat de Rédaction / documentation : Hélène du Breuil. Illustrations : Dominique Larrivaz / Paella Chimicos / Pascal Margat. Les maquettes Laurent Marinot.
+ 400 photos et témoignages de chercheurs et de personnalités diverses.
2012
– Présentation de l’Amour triomphe de tout au 3rd Beijing Nanluoguxiang Theatre Festival (Pékin).
Traduction : Gong Barong
Metteur en scène 1 : Gu Yi’an
Metteur en scène 2 : Ding Sheng
Distribution : Zhou Yanyan / Sun Xinhong / Zhang Tianli