Une forme et un mouvement littéraire
Plus facile d’attraper un singe
par la peau du cul
qu’un bon sujet pour écrire un livre
CE NE SONT PAS LES MOTS QUI DOIVENT CHOQUER
MAIS LES CHOSES QU’ILS REPRESENTENT
Dès que l’on s’intéresse aux romans et aux contes érotiques ce qui frappe en premier c’est la mythologie qui les entoure alors qu’ils traitent de la chose la plus banale… la plus ordinaire à toutes les époques et dans toutes les sociétés…
Avec naître et mourir.
A l’origine de ce tintamarre la distinction culturelle entre trivialité dans la nature des choses et trivialité dans l’emploi des mots.
Fig. Bonnet blanc et blanc bonnet.
A LA FOIS LITTERAIRE
ET TRADITION PHILOSOPHIQUE
Le conte érotique tel qu’il a été planté au milieu du XIVe siècle avec Le Décaméron de Boccace (auquel il convient d’ajouter ses descendants directs : Les Contes de Canterbury de Chaucer et L’Heptaméron de Marguerite de Navarre) s’apparente au roman philosophique.
Dont le modèle le plus abouti est Candide ou L’Optimiste de Voltaire.
Il ne s’agit pas (seulement) de raconter une histoire trou-cul-bite ou de savoir ce qu’a pu trouver la main de ma sœur dans la braguette d’un zouave*. Ce qu’on appelle de façon imagée :
la littérature qui se lit d’une main*
Mais d’œuvrer dans une forme littéraire largement codifiée par son histoire.
Au milieu de « figures imposées » sans répéter les mêmes notes.
SANS RÉPÉTER LES MÊME NOTES…
Si d’aucuns prétendent illustrer une doctrine et ont pour ambition première de mettre en joie et de distraire… tous sont riches d’enseignements et rares sont ceux dont il ne ressort quelque terrible philosophie.
UN MOUVEMENT LITTÉRAIRE
QUI TRAVERSE LES SIÈCLES
Nombre d’écrivains fameux (pour le reste de leur œuvre) s’y sont essayés. Célèbres ou anonymes il s’agit avant tout – à travers ses conventions – de poursuivre une tradition.
Qui vient de loin …
XVIe / XVIIe SIÈCLE
L’Heptaméron de Marguerite de Navarre (1546-)
La vraie histoire comique de Francion de Charles Sorel (1623)
L’école des filles ou la Philosophie des Dames de Jean L’Ange (1655)
La Vie des dames galantes de Pierre de Bourdeille – seigneur et abbé de Brantôme (1666)
Contes et nouvelles de Jean de la Fontaine (1665 +)
Histoire amoureuse des Gaules de Roger de Bussy-Rabutin (1665)
L’Académie des Dames ou Dialogues de Luisa Sigea de Nicolas Chorier (1670)
Le Rut ou la Pudeur éteinte de Pierre-Corneille de Blessebois (1676)
Venus dans le cloître ou la Religieuse en chemise de l’abbé Dupras (pseudonyme de l’abbé Barrin) ou Louis de Chavigny ? (1683).
Les Contes de ma mère l’Oye de Charles Perrault (1697)
XVIIIe SIÈCLE
Le Sopha (conte moral) de Claude-Prosper Jolyot Crébillon (1737)
Histoire de Don Bougre, portier des Chartreux de Jean-Charles Gervaise de la Touche ou abbé Charles de Noury (1741)
Sainte-Nitouche ou la Tourrière les carmélites d’Anne-Gabriel Meusnier de Querlon (1741)
Les confessions du Comte de *** de Charles Pinot dit Duclos (1742)
Les Lauriers ecclésiastiques ou les Campagnes de l’abbé de T*** de Charles Jacques de la Morlière (1747)
Thérèse Philosophe ou Mémoires pour servir à l’histoire du père Dirrag et de Mademoiselle Eradice de Jean-Baptiste Boyer d’Argens (1748)
Les Bijoux indiscrets de Denis Diderot (1748)
L’Académie des dames de Nicolas Chaurier (1750)
Margot la ravaudeuse de Louis-Charles Fougeret de Monbron (1753)
Candide ou L’Optimiste de Voltaire (1759)
Le Pied de Françon ou le Soulier couleur-de-rose de Restif de la Bretonne (1768)
Point de Lendemain de Vivan Denon (1777)
Félicia ou Mes Fredaines d’André-Robert Andréa de Nerciat (1782)
Ma Conversion ou Le Libertin de qualité de Gabriel-Honoré Riquetti – conte de Mirabeau (1783)
Histoire de ma vie de Jacomo Casanova (1789 -)
Les Travaux d’Hercule ou la Rocambole la foutrerie d’Eustache Le Noble (1770)
Juliette ou la prospérité du vice de Donatien de Sade (1797)
XIXe SIÈCLE
Gamiani ou deux nuits d’excès d’Alfred de Musset (1833)
20 ans de la vie d’une jolie femme – anonyme (1830)
Les cent contes drolatiques d’Honoré de Balzac (1832)
La Vénus à la fourrure de Léopold von Sacher-Masoch (1870)
Le Vice suprême de Joséphin Péladan (1884)
XXe /XXIe SIÈCLE
Les Onze mille verges de Guillaume Apollinaire (1907)
Trois filles et leur mère de Pierre Louÿs (1926)
Le Con d’Irène de Louis Aragon (1928)
Le Bleu du ciel de Georges Bataille (1935)
Le Vieillard et l’enfant de François Augiéras (1954)
Thérèse et Isabelle de Violette Leduc (1954)
Histoire d’O de Pauline Réage (1954)
La Marée d’André Pieyre de Mandiargues (1959)
Emmanuelle d’Emmanuelle Arsan (1967)
Cruelle Zélande de Jacques Serguine (1978)
La lectrice de Raymond Jean (1986)
La Chapelle Sextine d’Hervé Le Tellier (2005)